L’administration fiscale ne demande pas leur avis aux héritiers, ni aux coacheteurs : la taxe d’habitation tombe toujours au nom d’un seul, même si le bien appartient à plusieurs. Aucun calcul savant sur la répartition des parts ne vient nuancer cette règle. Et lorsque l’un d’eux occupe le logement, c’est à lui, en toute logique, que revient la note… du moins en apparence. Car derrière cette façade, la solidarité reste tapie, prête à surgir si la facture n’est pas réglée.
Comprendre la taxe d’habitation sur un bien en indivision : principes et cadre légal
La taxe d’habitation concerne chaque logement occupé, peu importe qu’il soit détenu en pleine propriété ou en indivision. L’indivision, en droit français, s’impose dès qu’un bien immobilier appartient à plusieurs personnes : héritiers d’un parent défunt, famille qui partage une maison, ou amis co-acquéreurs. Le code civil encadre ce partage, détaillant les droits de chaque indivisaire et les règles du jeu collectif.
Une règle nette : au 1er janvier, l’occupant du bien est désigné comme redevable de la taxe d’habitation. Quand plusieurs indivisaires se partagent le toit, c’est l’un d’eux qui reçoit l’avis, choisi par l’administration fiscale pour simplifier ses démarches. Seulement, cette désignation n’exonère pas les autres. La loi prévoit une responsabilité partagée : sans accord écrit qui déroge à la règle, chacun reste engagé.
Les textes et décisions clés
Voici les principaux fondements qui encadrent la solidarité entre indivisaires :
- L’article 815-13 du code civil permet à celui qui paie la taxe d’en réclamer le remboursement aux autres, selon leur part dans l’indivision.
- Un arrêt du Conseil d’État (CE, 20 juillet 1990) rappelle : la charge de la taxe d’habitation revient à l’occupant, mais la solidarité entre indivisaires ne disparaît que si une convention spécifique existe.
- La Cour de cassation a confirmé à plusieurs reprises l’obligation solidaire, même lorsqu’un seul occupe le bien.
Payer la taxe d’habitation sur un bien en indivision relève donc d’une mécanique subtile, entre droit immobilier et fiscalité. Le principe de solidarité, gravé par la loi, continue de faire couler de l’encre, surtout lors d’une succession ou quand le patrimoine familial reste partagé au fil des années.
Qui paie quoi ? Répartition des responsabilités fiscales entre indivisaires
En indivision, la question du paiement de la taxe d’habitation vire souvent au casse-tête. L’administration prend un raccourci : elle désigne un redevable principal, généralement l’occupant déclaré au 1er janvier. Ce dernier reçoit l’avis d’imposition et doit régler la totalité. Mais la réalité, elle, ne se limite pas à un nom sur un courrier.
La solidarité fiscale s’impose entre indivisaires. Sauf convention contraire, chacun doit prendre en charge une part de la taxe d’habitation en fonction de ses droits dans l’indivision. Si un seul règle la somme, il peut exiger que les autres lui remboursent leur part, la loi et la jurisprudence l’autorisent sans ambiguïté.
Ce mécanisme s’applique aussi bien à une résidence principale qu’à une résidence secondaire. La question se complique quand une seule personne occupe le logement : elle assume alors, en pratique, la totalité de la taxe. Pourtant, la solidarité demeure, au moins sur le papier. En cas de conflit, la cour de cassation rappelle que l’occupant peut réclamer la participation des coindivisaires.
Différentes situations se présentent régulièrement :
- Occupation exclusive : l’indivisaire occupant supporte la totalité de la taxe.
- Recours possible : celui qui paie peut demander un remboursement aux autres indivisaires.
- Indemnité d’occupation : parfois, une somme supplémentaire est réclamée à l’occupant pour compenser la privation de jouissance des autres propriétaires.
À Paris comme dans les grandes villes, la fiscalité sur l’indivision reste un sujet sensible. L’indemnité d’occupation, souvent évoquée lors de successions ou dans la gestion de patrimoine partagé, vient parfois s’ajouter à la charge fiscale. Elle sert à rétablir un équilibre entre les indivisaires, sans pour autant modifier l’obligation de payer la taxe auprès de l’État.
À la croisée du droit civil et du quotidien, la taxe d’habitation en indivision révèle toute la complexité des situations partagées. Dans ces affaires de famille ou d’association, les règles fiscales, loin d’être anecdotiques, dessinent des lignes de fracture, ou, parfois, de solidarité retrouvée.

